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18 février 2015

7/01/2015 (suite)

Un abonné, Maurice Alexandre, réagit à notre note précédente - Anéanti + commentaires :

 Je suis Charlie

 L’immense provocateur ne serait pas resté à l’écart de ces foules vibrant à l’unisson pour rendre hommage aux victimes de la tuerie au siège du journal Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015 et aux exactions meurtrières annexes commises par ces trois sauvageons « justiciers ». La positive attitude, dire non à la barbarie, sûr que Léo Ferré l’aurait approuvée en affichant « Je suis Charlie » au côté du « Je t’aime » tagué dans les années 70 sur une façade de sa maison de Toscane, en hommage à sa jeune épouse. Règlement de comptes à O.K Charlie ! Western « anarchiste à la Ravachol[1] » d’antan, perpétré par de jeunes nihilistes, sans foi ni loi, déréglés, aveuglés  par leur fanatisme primaire d’islamistes autodidactes. Leur remise en question de la société, leur « 68 » est sans commune mesure avec notre Mai 1968. Ces Maho-istes, new look, n’ont qu’une pensée unique, liberticide et homicide. En matière de religion, le rire reste en travers de la gorge de certains. Le blasphème engendre l’anathème ; un bon coupe-fin au rire. Touche pas à mon pote Mahomet ! L’assiduité que mettent les humoristes à produire des caricatures du Prophète va déclencher une polémique en 2006, un incendie criminel dans les locaux du journal en 2011, suite à un numéro spécial « Charia hebdo ».En 2012, de nouvelles caricatures engendrent une nouvelle polémique. Charb qui tient les rennes du journal est dorénavant sous protection policière. L’artiste est-il au-dessus des lois ? A-t-il une permissivité sans tabou,  son travail étant de penser, de créer, d’apporter continuellement du neuf, sortant de son cerveau, cet ordinateur neurophile, son usine à production. Le pouvoir politique, religieux, peuvent-t-ils cohabiter en bonne intelligence avec une pensée autre que l’officielle ? Provoquer à l’intelligence, comme se plaisait à le dire Léo, peut ouvrir de multiples œillères et faire naitre un contre pouvoir néfaste à leur assise, qu’ils aimeraient acquise, ad vitam aeternam. Le pape François, muet jusqu’à présent, réagit au nouveau numéro de Charlie Hebdo, sous-titré « Journal irresponsable », dont la couverture est un Mahomet, la larme à l’œil, tenant l’affichette « Je suis Charlie », disant : « Tout est pardonné ». Il conseille un humour modéré, light, contenu pour ne pas froisser ; droit à la dérision dans le respect de l’autre. Peut-on rire de tout ? On peut me rire au nez, ça dépend de quel rire… sans déclencher l’ire. On sait aujourd’hui que l’on peut mourir pour n’avoir pas su contenir son trop plein d’humour. Les amis de Georges… Wolinski étaient un peu anars, des gamins farceurs qui avaient toute la vie pour  s’amuser et nous amuser et maintenant toute la mort pour se reposer[2]. Peut être ont-ils voulu casser leur image de « gentil », passer à un degré supérieur en devenant insolents. La liberté d’expression, le parler vrai, Léo Ferré partageait cette façon de voir et s’il n’eut pas le dessin à sa palette créative, on sait qu’il appréciait les dessins de Henri Daumier et Gustave Doré et ne manquait pas de mettre des dessins dans ses productions. S’il ne s’exprima pas sur le judaïsme et l’islam, cibles privilégiées avec le christianisme de Charlie Hebdo, Léo tapa souvent sur les catholiques et le Vatican. Dans une de ses premières chansons, Mr Tout blanc, il interpelle le pape Pie XIIsur son silence pendant la dernière guerre et dans son roman Benoît Misère, les Frères catholiques de son collège étaient comparés à des corbeaux, oiseaux du malheur. Sa virulence se fait plus outrancière dans des écrits non mis en chansons ou des conversations  journalistiques. Dans Je donnerai dix jours de ma vie, le pape se retrouve au même niveau que le commun des mortels : « Le pape chie, messieurs, eh oui ! Et chaque fois l’anneau que vous baisez avec tant de religieuse ivresse ne quitte pas le doigt qui torche et qui nettoie l’auguste cul. Un cul, c’est un cul, mon révérend. » Sacrilège ? Le politique n’est pas autrement malmené en 1984, dans un entretien avec le journaliste Pierre Bouteiller : « …Je disais à ma femme l’autre jour : « Comment ce type, il va rentrer chez lui, il va faire l’amour avec sa femme, il va embrasser ses enfants…Il va au cabinet pour faire pipi… ce type Reagan, il va faire pipi ? C’est pas possible ça ! Un type comme ça ne devrait pas faire pipi, tant pis ! Il faut choisir : Il faut choisir : ou être président de la République américaine ou faire pipi ! Un type qui fait pipi, il se cache et puis il regarde…c’est un cheval, quoi !... c’est un chien ! »  Désacraliser  les VIP, les idoles ça n’existe pas ! ou ne devraient pas exister. Ni Dieu, ni maître.

 « Nous avons plongé dans le XXIe siècle avec la science, mais nous avons toujours une morale du XVIIe siècle. La religion marche sur la grande agence du Vatican… qui est sûrement une agence érotique ! S’il n’y avait pas eu le péché, la religion ne tiendrait pas. Georges Bataille a dit, bien avant moi, que sans interdit il n’y a pas d’érotisme. »

 Les quatre versions des Temps difficiles étaient des chansons de chansonnier, des caricatures des travers de notre temps : « A Rome il y a l’œcuménique  De quoi remplir la Basilique  Il faut êt’con…ciliants mes frères  Les Con…cil’s c’est si rare mon père  Les temps sont difficiles  Le Vatican n’est pas d’accord  Il dit qu’a Liège on a eu tord  Quand tu verras un pap’ sans bras[3]  Avec quoi donc qu’il t’ bénira ?

 Des versions d’humoristes ont depuis vu le jour dont la série de Bernard Joyet : …« C’est l’ère de l’apocalypse  Y’aura plus rien après l’éclipse  Que des pédophiles en soutane  Et les pensées d’Paco Rabanne  Les temps sont difficiles…  Jean-Paul Dieu dans sa basilique  Au nom de la secte et du fric  Reçoit tant de princ’s dans la nef  Qu’y a plus d’place pour les SDF Les temps sont difficiles… », « Au Vatican soirée comique  Qu’est-ce qu’on s’marr’ dans la basilique  Bigard a baissé son caleçon  Benoît bénit son goupillon Les temps sont difficiles »… La version 2015  ne peut s’ouvrir qu’avec Charlie hebdo. Il faut être gentil, mon brave Joyet, je t’refile donc mes premières idées : Ils slament dur sur le Net (…)  Ils rap’tissent, ils tranchent net (…) A force de Le dés’Honoré (…) Faudra  s’y faire et trépasser  (…)  Charb a fini en charpie  N’existe plus Hara- kiri  (…)

 Léo Ferré est le seul à glorifier Satan, qu’il nous dit avoir rencontré rue Washington à Paris, portant un borsalino. Un être pas foncièrement mauvais. Ange et démon, comme lui. Le dernier mot à Cabu : « Je pense sincèrement qu’on peut rire de tout. Ce qui a vraiment changé, ce sont les religions, qui sont devenues trop radicales, extrémistes. La religion est, pour moi, une idéologie comme une autre, et il n’y a donc pas de raison qu’on ne critique pas une religion ».[4]

 Le 7 janvier de 2015, une tuerie qui pour Léo ne peut que lui rappeler le 7 avril de 1968 où deux chimpanzés femelles, innocentes tombent….


 

[1] Anarchiste français (1859-1892) auteur de crimes de droit commun et de plusieurs attentats.

[2] Clin d’œil à Georges Moustaki sur ses chansons : Les amis de Georges et La philosophie. Moustaki qui  aimait  illustrer les jaquettes de ses disques de ses propres dessins.

[3] Un produit pharmaceutique donné dans les années 50-60 aux femmes enceintes, la Thalidomide,  occasionna  aux nouveaux- nés des malformations dont ces bras de « pingouin » écourtés.

[4] Journal La Provence, janvier 2015.


 

 

Commentaires

" Le 7 janvier de 2015 , une tuerie qui pour Léo .... etc. "
Choqué par cette conclusion plus Charlot que charlie .

Écrit par : L.Lucas | 19 février 2015

D 'accord avec L.Lucas. Les deux dernieres lignes? Une conclusion qui ne s'imposait vraiment pas! Il faut comparer ce qui est comparable.

Écrit par : Durruti | 19 février 2015

S'il n'y avait que la dernière phrase, choquante, obscène, scandaleuse !
Il y a tout le reste !

Écrit par : michel | 19 février 2015

Les commentaires sont fermés.